jueves, 6 de agosto de 2015

L’Europe dont nous ne voulons plus

Un mouvement jeune et plein d’énergie entendait transformer une nation et réveiller le Vieux Continent. L’Eurogroupe et le Fonds monétaire international (FMI) ont écrasé cette espérance.
 
Au-delà du choc que les événements grecs représentent pour certains des partisans du projet européen, trois enseignements s’en dégagent. D’abord, la nature de plus en plus autoritaire de l’Union à mesure que l’Allemagne y impose sans contrepoids ses volontés et ses obsessions. Ensuite, l’incapacité d’une communauté fondée sur une promesse de paix à tirer la moindre leçon de l’histoire, même récente, même violente, dès lors qu’il lui importe avant tout de sanctionner les mauvais payeurs, les fortes têtes. Et enfin, le défi que pose ce césarisme amnésique à ceux qui voyaient dans l’Europe le laboratoire d’un dépassement du cadre national et d’un renouveau démocratique.
 
Au départ, l’intégration européenne a prodigué à ses citoyens les avantages matériels collatéraux de l’affrontement Est-Ouest. Dès le lendemain de la guerre, le projet fut impulsé par les Etats-Unis, qui recherchaient un débouché pour leurs marchandises et un glacis contre l’expansion soviétique. Mais Washington avait alors compris que, si le monde qui se disait « libre » voulait concurrencer efficacement les républiques « démocratiques » membres du pacte de Varsovie, il devait conquérir les cœurs et les esprits en démontrant sa bonne volonté sociale. Depuis que cette corde de rappel stratégique n’existe plus, l’Europe se dirige comme le conseil d’administration d’une banque.
Certains acteurs de la guerre froide, comme l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), ont survécu à la chute du Mur en s’inventant d’autres monstres à détruire sur d’autres continents. Les institutions européennes ont elles aussi redéfini leur adversaire. La paix et la stabilité dont elles se gargarisent réclament dorénavant à leurs yeux la neutralisation politique des populations et la destruction des outils de souveraineté nationale dont celles-ci disposent encore. C’est l’intégration à marche forcée, la (...)
 
par Serge Halimi, août 2015
 
 
 

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